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Dimanche 5 avril 2020 – Jour 20

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Depuis le début du confinement, il y a un discours qui revient souvent et qui crée de jolies batailles dans certains fil de commentaires. La grande question étant de savoir si les conséquences sociales et économiques du confinement ne seront au final pas plus importantes et graves que la maladie elle-même. Ou plus directement, est-ce que le remède ne sera pas pire que la cause. Il y a bien entendu tout l’aspect financier et économique de la chose, à savoir que plus le confinement durera et par voie de conséquence la fermeture des commerces ou services non-essentiels, plus le risque de perdre son emploi ou son entreprise pour les indépendants et artisans va augmenter. Il y a également l’aspect social et humain, c’est à dire dans quel état mental, psychique et physique va-t-on émerger à la fin du confinement. Evidement, les deux aspects sont intimement liés sous maints angles de vue.

La grande peur de celles et ceux à qui le confinement a été imposé est de savoir si dans quelques semaines ou mois, il auront toujours un travail et si oui, auront-ils toujours le même salaire aux mêmes conditions ? Il est certain que si la situation s’étend sur des mois, il y aura sans doute pas mal de PME à déposer le bilan. Il y a des mesures de sauvegarde mises en place pas les gouvernements, mais seront-elles suffisantes si rien ne redémarre d’ici mi-mai ou début juin, voire encore plus tard ? A l’heure actuelle, ce ne sont que questionnements et conjectures, tant la situation que nous vivons est unique. Les catastrophes naturelles, on connaît, on sait qu’un tsunami ou un cyclone font d’énormes ravages et prennent un nombre non négligeable de vies, mais ce sont des événements très courts dans leur survenance. De quelques minutes à quelques heures. Très vite, ensuite, la vie « normale » reprend ses droits, les gens s’organisent et en quelques semaines ou quelques mois, il ne reste guère que quelques cicatrices visibles. J’ai pu le constater aux Antilles après le passage des deux ouragans Irma et Maria. 

La situation actuelle est radicalement différente, d’une part parce que l’événement s’installe dans la durée, et surtout personne ne sait quand il prendra réellement fin. Par fin, j’entends que nous ayons un vaccin utilisable et que les mesures sanitaires actuelles ne soient plus nécessaires. En outre, il est presque impossible de se prémunir contre le Covid-19, tant les moyens à disposition sont inexistants ou en pénurie. Pour tout arranger, les catégories qu’on pensait pratiquement immunisées contre le virus ne le sont pas vraiment, même si les risques de tomber gravement malade sont moindres que pour d’autres. Il y a aussi les morts dont le chiffre qui augmente sans cesse finit par démoraliser les plus optimistes. A cause du confinement et des mesures d’isolement strictes des malades gravement atteints, il n’est même pas possible pour les proches d’aller rendre visite à l’hôpital et éventuellement d’accompagner dans ses derniers instants un conjoint, un parent ou un ami proche. 

J’ai pu mesurer pendant 4 ans à quel point il peut être compliqué de partager avec quelqu’un un espace restreint et confiné. Dans mon cas, cela relevait d’un choix assumé, mais quand je pense à celles et ceux qui ont déjà de la peine à rester à la maison un week-end de mauvais temps, j’ose à peine imaginer l’enfer qui est en train de se développer dans certains foyers. Les cas de violences familiales ont déjà explosé et la police a dû abattre un homme complètement ivre qui battait sa femme et qui a décidé d’attaquer au couteau les agents venus pour le calmer et le maitriser. Et nous n’en sommes qu’à trois semaines de confinement. Admettons qu’un retour à la « normale » soit envisagé d’ici l’été, dans quel état sera alors la population ?  Comment gérer des dizaines ou des centaines de milliers de personnes qui auront tout perdu, seront au chômage ou à la rue ? Il y aura probablement des vagues de suicides et de violences et on peut se demander à quoi auront servi les sacrifices consentis pour lutter contre le virus ? Dans ces conditions, ne vaut-il pas mieux rapidement prendre le risque d’augmenter encore le nombre de malades et de morts, mais de permettre à celles et ceux qui passeront entre les gouttes de reprendre le cours de leur vie ? 

Je n’ai pas la réponse, ni même un début d’idée sur ce point. C’est une question philosophique et mathématique qui entrainera des décisions que je n’aimerais pas devoir prendre. Ni dans un sens, ni dans l’autre. Nos dirigeants sont actuellement sous le feu nourri de la critique quotidienne et quoi qu’il arrive ils se feront tirer dessus, c’est une certitude. Dans une telle situation, il n’y a malheureusement pas de bonne ou de mauvaise solution, juste une succession de choix cornéliens à mesure qu’elle évolue. Une chose est certaine, plus rien ne sera comme avant, personne n’échappera aux conséquences du Covid-19.

Et ce sera tout pour aujourd’hui, à demain.

Le sourire du jour, de la difficulté de gouverner :

Gouverner c’est prévoir (A. Thiers)
  1. Et oui, plus rien ne sera comme avant..Je tiens le coup, mais avec des envies de..lui taper dessus à coup de gourdin ! Heureusement que je n’ai trouvé que du petit bois à la forêt! c’est la 5 ème semaine que mon mari est en télétravail.. Pff, être mariés, est une chose, vivre en couple 24h sur 24 en est une autre..et moi, c’est pas l’option que j’ai choisi en signant le contrat !

    • Tous les couples confinés ou presque vivent la même chose, j’imagine. Certains y ajoutent encore un ou plusieurs enfants… 😅
      En Suisse, vous avez encore la chance de pouvoir sortir un peu, ne serait-ce que 2 heures pour aller se promener en respectant les consignes de distanciation. Bon courage en tous cas.

      • Oui, je peux sortir, c’est notre avantage de ce côté de la frontière, j’ai ainsi passé plus de 5h à l’extérieur aujourd’hui. Bien sûr, les goutes à Lola, mais aussi…faire mes courses ce midi, ce qui m’a permis de prendre la température..puis un saut jusque chez Papy, lui porter du jus de vigne, prendre sa liste de courses. Une bonne partie de faite, malheureusement, même avec 3 Migros dans la ville, je ne trouverai pas tout ce qu’il m’a demandé pour tenir les 3 prochaines semaines… Demain, c’est la poste pour lui et moi, puis rebelote, mais Migros centre ville, puis livraison…Encore quelques heures d’évasion ! Youpeee !
        Mais jamais sans gants, gel désinfectant, et à distances!

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